Cours Numériques Culture

Laurence Aventin Janvier 2022

D'or et de lumière,Palerme au XIIe siècle

Dans le prolongement de la péninsule italienne, entre Europe et Afrique du Nord, la Sicile occupe en Méditerranée une position stratégique qui explique la convoitise dont elle a souvent fait l'objet. Possession byzantine, puis musulmane à partir du Xe siècle, elle est conquise par les Normands au XIe siècle et connaît son apogée au XIIe siècle sous le règne de Roger II (1101-1154). Duc, puis roi de Sicile en 1130, il réunit sous son autorité toute l'Italie méridionale.

À l'arrivée des Normands, la Sicile "était arabe plus qu'à moitié" et "byzantine pour presque tout le reste". Or la monarchie normande, loin d'effacer les traces de chacune de ces civilisations, s'est inspirée des modèles orientaux, arabe et byzantin et a connu une évolution originale. S'enrichissant de l'apport de chaque civilisation, la Sicile normande donne l'exemple d'une civilisation extrêmement raffinée dont on ne trouve d'équivalent qu'en al-Andalus.

À la jonction de trois mondes, la Sicile au XIIe siècle est ainsi un exemple de l'interpénétration des cultures, sous le signe d'une certaine tolérance. Pourtant à partir de la seconde moitié du XIIe siècle, la généralisation des conflits en Méditerranée remet en cause l'équilibre de la Sicile normande. La communauté musulmane est progressivement marginalisée et perd sa position dans l'appareil d'État.

Sous la domination des Byzantins du VIe au IXe siècle, puis de divers pouvoirs islamiques jusqu’à la conquête normande du XIe siècle, Palerme est un espace où les cultures occidentales et orientales se rencontrent et s’influencent. Sous le règne du roi Roger II (1130-1154), les différents peuples présents dans l’île coexistent, tout en gardant leurs langues et leurs droits. Pour le roi, il s’agit d’utiliser à son profit les compétences de chaque communauté. Par la suite, sous les règnes de Guillaume Ier (1154-1166) et Guillaume II (1166-1189), les rapports se tendent entre chrétiens et musulmans.